Belgravia – Julian Fellowes

Papotarium- Belgravia Julian Fellowes

Coucou les geeeens!

Alors, on se sent d’attaque pour les fêtes? Moi totalement. Genre, j’ai plus que deux ou trois trucs à emballer, quelques trucs de dernière minute à aller chercher niveau bouffe, et puis pouf, je serai fin prête! L’ironie dans tout ça, c’est que cette année, en fait, on ne reçoit que le 25! Le reste du temps, ça va être des fêtes toutes pépère avec pas mal de bouffe et de Netflix à la clé!
Bon, puisqu’apparemment je ne suis pas là pour raconter ma (passionnante) vie, on va directement passer à ce qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir Belgravia!

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Petit préambule nécessaire

Alors déjà on va expliquer un peu deux-trois trucs. Si vous n’avez pas fait le rapprochement, première révélation: Julian Fellowes, l’auteur, donc (c’est écrit en gros sur la couverture, merde, allez-y mollo sur le vin chaud parce que là, je vous sens un peu mollasson(ne)s!) c’est le créateur de la série la plus géniale de l’Univers, à savoir Downton Abbey, et il faut savoir que rien que ça, ça m’a suffi pour passer à la caisse, sans regrets pas le temps de niaiser YOLO quoi. Je savais que ça allait certainement être un bouquin super fan-service, pour surfer sur la vague de la série, et honnêtement bah ça me convenait à 1000%, quoi. J’ai tellement été dans le mal quand j’ai terminé Downton que tout ce qui pouvait m’offrir un moyen de prolonger l’expérience, c’était banco direct.

Ce qu’il faut savoir, cependant, c’est que c’est une histoire totalement indépendante scénaristiquement des évènements de Downton Abbey. Il y a une foule de ressemblances mais c’est pas la même histoire, c’est même pas exactement la même période. Mais on sent clairement la patte du mec quand même. Bref. Peut-être qu’éventuellement je m’égare un peu.

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Un petit mot sur l’histoire

Papotarium- Belgravia Julian Fellowes
J’en ai profité pour faire péter les guirlandes tavu

BON BON BON. Alors normalement j’aime pas trop faire ça mais là j’ai quand même envie un peu de vous poser le décor. L’intro du livre se passe 25 ans avant les évènements de l’intrigue. C’est soir de bal à Bruxelles, Sophia est hyper hypée parce qu’en tant que fille de marchands, pouvoir aller à ce genre de teuf c’était pas vraiment gagné d’avance. En plus, elle y retrouve Lord Bellasis, et Lord Bellasis c’est un peu son amoureux. Sauf que voilà, à partir de là, tout part complètement en sucette, mais genre pas la petite Chupa Chups, nan, la méga sucette deluxe. Notamment parce que tous ces messieurs présents sont gentiment priés d’aller se faire massacrer la gueule à Waterloo, et avec le sourire s’il vous plaît.
Ça jette comme qui dirait un petit froid, quand même.

ET PUIS VOILA. Une pause de 25 ans plus tard et nous voilà en compagnie d’Anne, la maman de Sophia. Sophia qui a entre-temps décidé de mourir en donnant naissance à un fils. OUI, UN FILS. Et c’est bien là le gros souci qui va nous occuper dans Belgravia. Parce qu’il semblerait que le fiston en question ait été conçu hors mariage, suite à une supercherie organisée par le fameux Lord Bellasis, qui n’était apparemment pas très Charlie comme mec, genre il lui a fait croire qu’ils avaient été mariés alors qu’en fait non pas tellement, et ce juste pour faire du sexe avec elle avant d’aller joyeusement se faire dérouiller la gueule à Waterloo et de passer l’arme à gauche par la même occasion. Enfin voilà, du coup, le gamin illégitime a été placé dans une famille sans histoire et le scandale a été plus ou moins étouffé. SEULEMENT VOILA, il semblerait que ~certaines personnes~ aient du mal à garder un si lourd secret, ce qui fait que le môme en question, à présent adulte, est amené à refaire surface et à bouleverser un peu beaucoup la petite vie de sa famille…

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Quelques petites remarques à chaud

Alors, pour causer de ce bouquin, j’ai décidé de procéder de façon très simple, à savoir dresser une liste de ce que j’ai aimé et pas aimé. Points positifs, points négatifs. Ça m’a paru la meilleure façon d’aborder le livre, alors même que j’étais en train de le terminer. Mais avant cela, je vais juste causer de deux ou trois trucs en vrac.
Tout d’abord l’intrigue. Oh, tiens, le coup du fils illégitime. Ça me rappelle un peu beaucoup un certain arc scénaristique de Downton Abbey. C’est marrant, parce que ça marche à tous les coups.

Tout cela amènera comme de bien entendu querelles d’héritage, conflits d’intérêt, choc des classes sociales, modernité vs tradition, mariage d’amour vs mariage arrangé… Je ne vais pas dire que ça me dérange, parce que ce serait faux, vu que j’ai beaucoup apprécié l’histoire et la façon dont elle était ficelée, mais c’est quand même ultra-convenu, giga-classique et plutôt pantouflard de la part de Fellowes, genre on sent bien qu’il prend zéro risques et se cantonne à faire du Downton-like. Encore une fois, je ne me plains pas, vu que c’est un peu ce qui m’a fait acheter le bouquin, et c’était d’ailleurs certainement le but recherché. Mais l’auteur aurait aussi pu s’amuser à bousculer un peu ces attentes. Que nenni, on est ici en terrain connu.

Autre chose, je ne sais pas si c’est à cause de la période des fêtes, des grosses sorties jeux vidéo et donc de tous ces trucs qui m’ont occupé l’esprit, mais j’ai eu vraiment du mal à m’accrocher durant le premier quart du bouquin. Une fois ce stade passé, en revanche, plus moyen de le lâcher. Ce premier quart a traîné durant des semaines, alors que j’ai terminé le reste en deux sessions.

Voilà, ça c’était pour ce que je ne pouvais ranger ni dans le positif, ni dans le négatif. Passons donc à la suite!

Papotarium- Belgravia Julian Fellowes

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J’ai pas aimé…

Autant commencer par les trucs qui fâchent, hein. Allez. Let’s go.

  • Bon alors déjà, un truc qui va paraître assez futile à beaucoup, mais je me lance: Les coquilles et autres erreurs d’impression. C’est rien pour certains, moi, ça me révulse. Je n’ai pas relevé le nombre exact, mais il est étonnamment haut, de caractères qui disparaissent, un point par ci, un accent par là… Parfois une lettre ou deux. Souvent de la ponctuation. Des coquilles. Sophia se retrouve renommée Sopia. Alors je pardonne une coquille ou deux, notamment dans les livres de poche, où l’impression est de toute façon assez approximative et où il n’a jamais été rare de trouver ce genre de bourdes. Là, non. Il y en a trop, et on n’est pas sur du livre de poche. On est sur un bouquin qu’on paie 20 balles, et ça peut aller jusqu’à entraver le confort de lecture. Pour moi, à un moment, y’a quelque chose qui n’a pas été fait correctement. Certes, ce n’est pas un obstacle à la compréhension, toujours est-il que moi, je trouve ça scandaleux.
  • Les personnages sont franchement en demi-teinte. Là où Downton Abbey (car oui, désolée, mais quand on affiche en gros sur la couverture, je cite « PAR L’AUTEUR DE DOWNTON ABBEY », il faut s’attendre à la comparaison) nous servait une galerie de personnalités hautes en couleur, mémorables tout en restant nuancées; ici dans Belgravia, je n’ai trouvé aucun personnage attachant. Plus grave, aucun d’entre eux ne m’a paru être un personnage fort. Fort, dans le sens tridimensionnel, pas juste là en tant que rouage de l’intrigue. Chacun a ses travers et ses vertus, ses goûts, ses ambitions, mais rien de tout cela ne nous les rend accessibles, ni ne nous fait nous identifier à eux. Pire, ils restent dans l’ensemble assez clichés. James Trenchard m’a même paru être une copie assez fade de Mr Selfridge. J’ai conscience que ce ressenti est personnel, et j’ai tout de même trouvé plutôt charmants les personnages de Charles et de Maria, allant jusqu’à stresser un peu pour eux et tout, mais… Là, j’ai fini le livre, et les personnages ne me manquent pas. Alors que la Comtesse Douairière de Downton, par exemple, si.
  • La conclusion du livre. Si vous ne souhaitez pas être spoilés, évitez ce paragraphe, car même si je vais rester vague, ça risque fort de vous dévoiler des trucs. BON. ALLEZ, ON FILE. C’est bon? OK. Donc. la conclusion. En gros, les péripéties vécues par tout ce petit monde aurait certainement dû leur servir de leçon. Genre, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Eh bien non, chers amis. On assiste (attention, véritable spoiler!!!) à la procréation d’un nouvel enfant illégitime, et que fait-on pour gérer la situation? Eh bien la même chose que par le passé, et qui nous a attiré tant d’ennuis: des cachotteries! Le happy ending, en outre, s’il fait bien plaisir, je l’avoue, laisse un peu perplexe. Tout est bien qui finit bien, alors que clairement, c’était loin d’être gagné.
  • Il y a un MÉCHANT. Un méchant digne de Disney tellement il est juste méchant. Odieux. Immonde. Sans aucune qualité rédemptrice. Dans Downton, on se prenait de sympathie pour la pire enflure (à part peut-être *ce* personnage très secondaire qui a fait un truc pas cool du tout à un moment donné), car chaque personnage était, justement, nuancé. Là, eh ben, le mec, c’est un méchant. Il fomente des plans de méchant et connaît un destin de méchant. UN PEU ABUSÉ DANS UN BOUQUIN POUR LES PLUS DE SIX ANS. #cpasgentildêtreméchant
  • Je devrais le lire en VO pour m’en faire un avis plus correct, mais dans sa version traduite, très franchement, le style d’écriture ne casse pas des briques. C’est vraiment une langue simple et réduite à sa pure fonction utilitaire de vecteur du récit. Dommage.

    Chat Belgravia Julian Fellowes Papotarium
    Mon chat a tenu à participer à la séance photo. Donc, le voilà. 😀

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J’ai aimé…

Parce que oui quand même. Je peux pas dire que j’ai pas aimé ce livre, des choses m’ont pas mal séduite aussi. ALORS.

  • Bon, déjà, le point fort de Belgravia, c’est bel et bien son histoire. Malgré des débuts timides, l’intrigue est intéressante et tient en haleine sans difficulté. Moult machinations, cachotteries et autres quiproquos, on ne se fait pas chier, et c’est amusant de se retrouver témoin de toutes ces embrouilles aristocratiques.
  • Ce point rejoint le précédent, mais voilà: Julian Fellowes a un réel talent de scénariste et on le sent. On retrouve vraiment son empreinte, cela pourra en agacer certain(e)s mais il faut reconnaître l’évidence: Monsieur sait ce qu’il fait, il sait aussi de quoi il parle car son récit fourmille de détails ancrant le tout dans son époque. Il y a eu de la recherche derrière, on le voit sans peine.
  • Les personnages sont fades et plutôt convenus, certes, mais pas sans intérêt non plus. Je mentirais si je disais que je n’ai pas ressenti la moindre empathie, que je n’ai pas eu hâte de connaître la résolution de leurs problèmes… Oui, en effet, ce petit monde n’est pas à la hauteur de la clique de Downton. Mais il faut bien reconnaître que la barre était haute placée. Il est vrai aussi qu’il reste impossible en un seul livre d’offrir un développement des personnages aussi complet qu’en une série de plusieurs saisons, ou en une saga de plusieurs volumes. En fin de compte, Belgravia nous offre tout de même un éventail de protagonistes correct, pas transcendants mais pas non plus imbuvables. Ils portent suffisamment bien le récit pour nous donner envie d’en venir à bout, en tout cas.
  • Le petit twist final amenant la résolution de l’intrigue est bien pensé et assez satisfaisant. Bon, alors je tiens à dire que je n’avais personnellement pas vu venir le truc, mais sachant à quel point je suis nulle pour deviner le genre de choses que la majorité des gens auront déjà grillé depuis des lustres, je ne sais pas vraiment si cela vous surprendra vraiment, VOUS. Moi, j’ai été assez surprise. C’est un peu l’avantage d’être bon public comme je le suis 🙂

Papotarium- Belgravia Julian Fellowes

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Petite conclusion

Un truc à savoir sur moi est que je n’ai aucun scrupule à lâcher un livre avant la fin s’il me gave. Pas le moindre sentiment de culpabilité. Du coup, rien que le fait d’avoir lu un livre en entier est pour moi une preuve que ce n’est pas une complète perte de temps.

En écrivant cette critique, la première de mon blog à être vraiment, bah, CRITIQUE, justement, j’ai une petite appréhension: peur d’avoir peut-être été trop dure, de donner une impression trop négative de ce livre. Pourtant, je vous encourage à le découvrir, sincèrement!

Papotarium- Belgravia Julian Fellowes
(Je vous en remets une couche avec mon chat parce que j’fais ce que j’veux c’est Noël)

Je ne pouvais pas ne pas parler de tous ces détails qui m’ont gênée. Pour moi, ils font de ce roman qui aurait pu être excellent, un roman très correct. Sans plus, mais pas moins non plus. Belgravia ne restera pas dans mon cœur comme une lecture marquante, soyons clairs. Cependant, j’ai passé un fort agréable moment en compagnie de ce bouquin, qui constitue une parfaite manière de se détendre en cette période de fêtes. Malheureusement, j’aurais bien aimé vous dire qu’il est préférable d’aborder cette lecture sans avoir l’illustre Downton Abbey comme point de comparaison, mais cette tâche paraît assez impossible quand, comme je le disais plus haut, un bandeau ÉNORME figure sur la couverture pour vous le rappeler.
Dans tous les cas, j’aimerais bien savoir ce que vous en pensez. Avez-vous quand même envie de le lire? L’avez-vous déjà lu, et auquel cas quel a été votre opinion? Au risque de me répéter (c’est pas duuuu tout une habitude chez moi de radoter hein, nononon) je voudrais vraiment mettre en avant le fait que les défauts que j’ai trouvé au nouvel ouvrage de Julian Fellowes ne sont en aucun cas suffisants pour rendre un verdict complètement mauvais. Au contraire, on peut quand même en faire abstraction et savourer Belgravia un peu comme une sorte de feuilleton (il faut d’ailleurs préciser que c’est ce que c’était à la base: l’œuvre a d’abord été publiée épisodiquement), bien agréable mais pour lequel mes attentes étaient peut-être un peu trop hautes!

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Bon, les ami(e)s. Les fêtes de Noël approchent à grannnnds pas, je ne sais donc pas quand je vais réussir à trouver un moment pour vous pondre un prochain article. Si on ne se retrouve pas avant les fêtes, je vous souhaite qu’elles soient pour vous tout ce que vous espérez, plein de cadeaux, de bisous, de câlins, de chocolat et de frites (comment ça je vous parle de MES envies, là? :D)

En attendant de savoir ce que vous aurez trouvé sous le sapin, je vous laisse à vos derniers préparatifs ❤

Bien Cordialement, BISOUS ❤

Jonathan Strange & Mr Norrell: petite plongée dans l’univers de Susanna Clarke.

Jonathan Strange & Mr Norrell - Susanna Clarke - Poche - VO
Comment vous expliquer.

Comment vous expliquer à quel point je trépigne d’excitation à l’idée de vous présenter ce livre? Comment vous expliquer mon amour et mon admiration sans bornes pour cet ouvrage? Et comment vous expliquer que si vous vous attendez à un rapport de lecture objectif, vous n’avez ~peut-être~ pas frappé à la bonne porte?

Eh ouais les potes, parce qu’aujourd’hui, c’est le jour où je vous présente celui que j’ai élu comme mon bouquin préféré. Du monde entier, de l’univers et tout le reste. Moi, la meuf qui n’a vraiment ni film préféré, ni groupe ou chanteur/se préféré/e, qui ai éventuellement une série préférée (mais c’est de la triche si on prend en compte le fait que c’est la série adaptée du bouquin qui nous intéresse ici), enfin bref, moi qui ne suis vraiment pas foutue de désigner ses trucs préférés, il y a un truc qui est certain, qui s’impose comme une évidence, mon bouquin préféré, c’est CELUI-LA. (Et maintenant, vous en avez probablement marre de lire le mot « préféré »)

Je vous propose donc sans plus attendre d’entrer dans le vif du sujet.

Jonathan Strange & Mr Norrell, le livre.
Et d’abord, un peu d’histoire.

Oui, vous allez avoir droit à un compte-rendu complet de ma rencontre avec ce bouquin. EH OUAIS. On parle sérieux, là.
Remontons le temps et retrouvons-nous en… 2009? 2010? A l’époque, j’étais encore à la fac, et les magasins Virgin étaient toujours de ce monde. J’y traînais beaucoup entre les cours, ainsi que dans tous les autres enseignes qui vendaient du livre.

Quand on dit qu’il ne faut pas juger une personne à son physique, et un livre à sa Jonathan Strange & Mr Norrell - Susanna Clarke - Robert Laffontcouverture, eh bien mes amis, je suis désolée de vous le dire, mais en l’occurrence, c’est carrément la gueule du bouquin qui m’a d’abord fait m’y intéresser. Voir ces fiers pavés tout noirs trôner en tête de gondole, au premier étage du Virgin Megastore, c’était quelque chose, je m’en souviens encore très bien. (Il y avait même une version « négatif », toute blanche, avec les inscriptions en noir. J’ai appris trop tard que c’était une version un peu collector. De toute manière, je préférais le noir. Haha).
Complètement noir, jusqu’aux tranches. Déjà, c’était intriguant. Et puis cette couverture très sobre, juste de la typo et une silhouette de corbeau. Il faut savoir que je suis très difficile en matière de design de couvertures de bouquins. J’en trouve pas mal extrêmement kitsch, surtout quand on part explorer le genre fantastique ou fantasy. Les montages Photoshop avec 72000 effets et les polices de caractère douteuses, très peu pour moi. Là, c’est minimaliste, graphique, la couverture est légèrement texturée, et les caractères un peu irréguliers ajoutent au côté mystérieux du truc. Je me souviens qu’avec l’amie avec qui j’avais découvert ce livre (coucou si tu passes par là <3), on était intriguées par son côté « grimoire de magie noire un peu chelou ». Du coup, j’avais lu le quatrième de couverture, j’avais kiffé… Et j’étais repartie sans le bouquin, parce que j’étais étudiante, qu’il coûtait je sais pas moi, 25 balles? Plus? Je sais plus. Trop cher.

Jonathan Strange & Mr Norrell - Susanna Clarke - Poche - VO
La version poche, en anglais.

J’ai donc laissé tomber, sur le coup, en me disant bon, ok, ça a l’air cool, mais voilà, money money money. Jusqu’à ce qu’un peu plus tard, à la Fnac, je tombe sur la version poche, en VO, of course, parce que c’était pas encore sorti en France dans ce format. Elle valait genre, 9 balles? Allez, banco. La couverture était un tout petit peu moins classe, le même design mais en holographique sur fond rouge. En revanche, cette version-là était illustrée de façon fort chouette. Et c’est clairement un plus. J’ai inclus quelques exemples plus bas, vous verrez.

Et du coup, j’ai commencé ma lecture. Alors, autant j’ai été captivée, autant bon sang, le temps que ça m’a pris. Malgré les cours d’Anglais de la fac, j’étais clairement pas prête pour le vocabulaire, les notes de bas de page et les mots un peu chelous parce que soit très spécifiques à certains champs lexicaux, soit tout simplement archaïques parce que l’action se déroule dans les 1800s et que le vocabulaire est à l’avenant. Vers la moitié du bouquin, et à la faveur d’un porte-monnaie un peu mieux fourni, j’ai fini par craquer pour le gros pavé noir en VF. Maintenant que mon Anglais est d’un meilleur acabit, il faudrait que je retente le coup, tiens.

Et sinon, on peut en venir au contenu? Parce que bon, l’histoire de ta vie c’est bien gentil, hein, mais bon, tu vois quoi.

Oui, oui, je sais que je m’emballe un peu à vous raconter le processus d’acquisition, mais comme vous le savez peut-être déjà, pour moi, c’est là que commence mon histoire avec un bouquin, et quand on sait quelle place CE BOUQUIN PRÉCIS occupe dans mon cœur, forcément, il fallait que je raconte. (Bonjour, je m’appelle Émilie, et je parle de mes bouquins comme si c’étaient des gens. Et vous, c’est quoi, votre problème? 😀 )

DONC.

Qu’est-ce que ça raconte?

Petite question préalable. Vous vous souvenez, si vous avez lu mes précédents articles, que je nourris une affection particulière pour tout ce qui est British des 18ème, 19ème et tout début 20ème siècles? Bon. EH BIEN MONSIEUR LE JUGE, MESDAMES ET MESSIEURS LES JURÉS, JE VOUS PRÉSENTE LE COUPABLE.

Tout commence en 1806 et l’action va s’étirer peu ou prou sur une décennie après cela. Nous sommes en Angleterre, et nous faisons la connaissance d’une société de magiciens.

ALORS ALERTE ROUGE, j’arrête tout de suite les éventuelles personnes tentées de faire le rapprochement foireux « Angleterre/Magie > Harry Potter », car ça n’a absolument RIEN A VOIR. J’adore Harry Potter, hein, c’est super cool. Mais je pense sincèrement que ce n’est pas parce que vous avez aimé l’un que vous aimerez forcément l’autre. Les deux œuvres ont très peu en commun. Voilà, ça c’est fait, on n’en parle plus.

Une société de magiciens, donc, somme toute bien tristounette, qui ne branle honnêtement pas grand-chose d’autre que de bavarder inutilement sur les aspects théoriques d’une magie qu’ils croient éteinte, disparue, morte et enterrée depuis des lustres. Un jour, ces braves (ou pas) gaillards ont vent d’un certain Mr Norrell, vieil érudit

Portia Rosenberg - Jonathan Strange & Mr Norrell - Illustration
Une des illustrations de Portia Rosenberg, figurant dans la version originale du livre

qui possède, semble-t-il, une foultitude d’ouvrages sur leur sujet de prédilection, denrée pourtant extrêmement rare par les temps qui courent. Et c’est ainsi que nous aussi, lecteurs, allons faire connaissance du premier personnage donnant son nom au livre. Jonathan Strange, jeune héritier velléitaire un peu paumé se découvrant complètement par hasard des talents de magicien, suivra un peu plus tard. Vous vous doutez bien qu’ils finiront par se rencontrer, et que l’intrigue gravitera autour de leur relation parfois conflictuelle, et de leurs vues bien différentes sur le sujet de la restauration de la magie en tant que discipline cette fois-ci bien vivante et pratiquée.

Voici donc un résumé fort lapidaire qui arrive même à en révéler moins que le quatrième de couverture du bouquin, mais encore une fois, si vous m’avez déjà lue, vous savez comment je fonctionne. Vous pouvez trouver des résumés ailleurs, il n’y a aucun intérêt à ce que j’en fasse un copié-collé, et surtout, SURTOUT, je tiens VRAIMENT, toujours, à en révéler le moins possible sur l’intrigue. Je continuerai de répéter ça tant que le blog sera encore jeunot, histoire de bien enfoncer le clou: c’est comme ça que je fonctionne, et pas autrement. BREF.

Alors pourquoi c’est si bien?

Mais punaise, par où commencer?
Déjà, l’atmosphère. Ce bouquin est dense, touffu, il regorge de notes de bas de page sur le folklore féerique et la magie; je vous parlais d’immersion dans ma petite chronique sur le tome 1 de Miss Peregrine, sachez que là, on est en plein dedans. Le vocabulaire employé ainsi que le style d’écriture -qui emprunte beaucoup à des auteurs comme Jane Austen (notamment cette petite pointe d’ironie apportant un agréable aspect de satire sociale sans trop avoir l’air d’y toucher comme ça), les fameuses notes de bas de page qui empruntent un ton complètement encyclopédique pour parler d’êtres et de phénomènes magiques, la densité du contexte historique -l’époque des guerres Napoléoniennes, mes amis, et croyez-moi, on sent que Susanna Clarke a potassé le sujet!- et la façon dont celui-ci s’entremêle aux destinées des personnages… TOUT TE MET GRAVE DANS L’AMBIANCE. C’est tout à fait comme si l’on était transporté direct-sans-escale en 1800 et des poussières, mais un 1800 et des poussières nimbé d’une sorte d’épais brouillard mystique.

Bibliothèque - Jonathan Strange & Mr Norrell - Susanna Clarke - Poche - VO
Voilà l’ouvrage trônant dûment à une place de choix dans ma bibliothèque.

La composante mystique, justement. Parlons-en. Là encore, on constate à quel point Susanna Clarke est une grande FIFOLLE, si vous me permettez l’expression, tellement le sujet est fouillé. C’est une véritable plongée dans le folklore féerique qui nous est proposée, parfois principalement via les notes de bas de page dont je parle tant. (qui constituent en elles-mêmes une sorte d’œuvre à part entière tant elles sont intéressantes, font leur life et racontent leur propre histoire; et leur longueur ainsi que le fait qu’elles puissent parfois perdre le lecteur ne font pour moi qu’ajouter au charme du livre, parce qu’il n’y a rien de plus grisant pour moi que d’accepter et d’apprécier de se perdre un petit peu. #PotentielSujetDeBacPhilo)

BREF. Oubliez les lutins malicieux ou les fées Clochettes aux ailes pailletées, oubliez tous vos préjugés sur la Féerie: Susanna Clarke vous ramène aux sources des mythes et légendes, puisant tout aussi bien dans Shakespeare que dans la mythologie. Autant vous prévenir, le monde magique est sombre, complexe et non sans dangers.

Quant aux personnages, même constat: ils sont travaillés, nuancés, complexes, pétris à la fois de qualités grandioses et de profondes insécurités, et contrairement à la couverture du bouquin, aucun n’est tout noir ou tout blanc. Ils ont de véritables personnalités, des buts personnels, ne se définissent pas uniquement par la fonction qu’ils sont censés remplir, genre le héros héroïque, le méchant pas gentil, la gonzesse faire-valoir du héros…

Je parlais un peu plus haut d’une certaine satire sociale, et j’aimerais y revenir cinq minutes, parce que mine de rien, OK, ça cause magie et folklore féerique, mais nous n’oublierons pas que tout cela prend place dans l’Angleterre des années 1800, dans des franges plutôt aisées de la population, une société régie par moult codes et protocoles où le moindre geste est abondamment commenté et critiqué. Et l’incursion que le lecteur fait dans ce milieu est tout aussi poussée que celle qui est faite dans le monde féerique. Susanna Clarke ne manque jamais la petite pique discrète sur ces mœurs parfois absurdes

qui nous sont présentées. La narration est d’ailleurs très intéressante de ce point de vue, car bien qu’à la troisième personne, elle est tout sauf impersonnelle. On a l’impression que le narrateur prenant en charge ce récit fait partie intégrante de cette époque, de cette société, en comprend et en pratique tous les mécanismes et devient presque, par ce biais,

un personnage à part entière.

En dernier lieu, j’aimerais parler de ce qui est peut-être la raison principale pour laquelle ce roman m’a tant plu et marquée. Ce sont les grands thèmes abordés par le récit.  Je vais vraiment essayer de faire ça sans révéler quoi que ce soit sur l’intrigue, mais

comprenez bien que je vais parler des thèmes-clés du récit, et… Eh bien, qui dit thème-clé

Portia Rosenberg - illustration- Jonathan Strange & Mr Norrell - Susanna Clarke
Une autre illustration de Portia Rosenberg

dit clé tout court. Comme dans clés du récit. Donc si vous avez peur, sautez ce qui va suivre jusqu’au prochain titre. Mais en théorie, ça devrait aller.

On le voit dès le titre, il va y être question de dualité. A travers les relations houleuses entre Jonathan Strange et Mr Norrell et l’opposition de leurs visions respectives de la magie, on retrouve ce thème classique que je surnomme affectueusement la querelle entre Anciens et Modernes (Ceux qui ont étudié les lettres savent. 😉 ) traité avec un dynamisme et une pertinence absolument formidables. Mais cette notion va bien plus loin que l’opposition entre les deux protagonistes éponymes de l’ouvrage. On la retrouve partout. Monde « normal » et monde féerique, magie théorique et pratique, magie « respectable » et magie « un petit peu moins respectable, fais attention quand même hein », nantis et serviteurs… Tout est très allégorique, dans ce roman.

On peut aussi, et surtout, pousser ce concept un peu plus loin et évoluer vers celui d’altérité. Ce qui est autre, ce qui est différent. Comment certains ont peur du différent et l’évitent, comment d’autres essaient de le comprendre. Comment ceux qui font partie de cette altérité considèrent cet état de fait. La différence est-elle une malédiction, ou un don? Qu’est-ce qui définit la normalité? S’il nous appartient à nous, lecteurs, de trouver nos réponses, si tant est qu’il y en ait, Susanna Clarke, elle, nous pose bel et bien ces questions. Et puis aussi et surtout, mine de rien, j’ai décelé une autre notion qui m’a énormément touchée, peut-être ai-je été la seule à imprimer à ce livre cette grille de lecture, mais je tiens à vous l’exposer: la révolte, voire la révolution. La prise de pouvoir, la roue qui tourne, les derniers seront les premiers, tout le tintouin.

Je vais tenter de m’expliquer tout en restant le plus vague possible: plusieurs personnages dans le récit ont une condition d’oppressés, d’une façon ou d’une autre. Ils (et elles, hein) sont prisonniers, au sens propre ou au figuré, de quelque chose, tangible ou pas. Et ce livre a cela de puissant qu’il met en scène avec tant d’intensité le bris de ces chaînes, la prise de pouvoir, la reconquête de cette liberté perdue, le combat opiniâtre pour se réapproprier ce qui a été spolié, que pour être honnête avec vous là tout de suite, à chaque fois que je cause de ce point précis du bouquin, j’en ai les larmes au bord des yeux. (Au bord des yeux? Ça se dit, au moins? Vas-y, je m’en fous.) J’ai trouvé dans ce livre un hymne formidable à l’émancipation, quelle qu’elle soit. Voilà pourquoi, pour moi, ce livre est tout SAUF un énième bouquin farfelu avec de la magie dedans, à lire vite fait pour se distraire. Il y a un véritable propos de fond, et quel propos.

La série télé
Jonathan Strange & Mr Norrell - Susanna Clarke - série télé BBC
Bertie Carvel et Eddie Marsan, incarnant respectivement Strange et Norrell dans la série. (Image BBC)

Vous imaginez mon bonheur délirant quand j’ai appris son existence.
Il faut savoir qu’à l’époque où j’avais terminé le bouquin, il y avait encore de vieilles rumeurs d’adaptation ciné qui traînaient çà et là sur Internet. Cependant, le projet semblait tombé aux oubliettes, et ça m’a rendu, ma foi, bien triste.
Je ne sais absolument plus comment j’ai découvert l’existence d’une mini-série produite par la BBC, mais je me souviens d’avoir sauté de joie, couru partout et démontré mon enthousiasme de moult façons. Malheureusement pas diffusée en France, il va vous falloir, pour la voir, soit employer soit des méthodes pas très légales (surtout si vous parlez pas la langue et que vous avez besoin de sous-titres Français), soit votre carte de crédit et un site internet vendant des biens culturels où vous pourrez commander le DVD/Blu-Ray, malheureusement sous-titré en Anglais uniquement. A QUAND UNE VERSION FRANÇAISE, BORDEL A CUL? …Hum. BREF.

Bertie Carvel - Jonathan Strange & Mr Norrell - série BBC
Bertie Carvel, qui réussit l’exploit d’être LA PARFAITE REPRÉSENTATION que je me faisais du personnage de Jonathan. (Image BBC)

En fin de compte, une série de sept épisodes, c’est tellement mieux qu’un film. Bien sûr, cela reste court pour aborder un matériau de base si dense, et ce sera donc sans surprise que certains passage se retrouveront quelque peu raccourcis. Apparemment, une personne n’ayant pas lu le livre peut tout de même s’y retrouver, même si pour être tout à fait franche avec vous, la lecture préalable rend certainement le visionnage bien plus confortable et appréciable. Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés, mais tous ceux qui ont bossé sur cette série ont réussi à représenter visuellement la chose exactement comme je me l’imaginais. Dans le moindre détail. Cela en était INCROYABLE, tellement je trouvais ça fidèle à l’idée que je m’en faisais. J’avais peine à me tenir tranquille pendant le visionnage tellement j’avais envie de sautiller partout tel le cabri dans une verte prairie printanière. C’est bien la première fois qu’une série m’a fait, genre, littéralement POUSSER DES CRIS DE JOIE tellement c’était bien fait. Vous l’aurez compris, si vous avez aimé le livre, foncez. Je ne vais même pas y revenir davantage, sachez juste que tout est PARFAIT, je m’en porte totalement garante. Susanna elle-même approuve.

Les Dames de Grâce Adieu, ou l’autre livre de Susanna Clarke

Le défaut de Susanna Clarke, que je déplore chaque jour de ma vie, c’est qu’elle se fait très discrète, et qu’elle publie très, très peu. Elle n’a pas de site web, pas de profil sur les réseaux sociaux, et ça fait plus de dix ans maintenant (c’est écrit tout en bas de son article Wikipédia en Anglais) qu’elle a déclaré travailler sur un autre livre, processus apparemment ralenti par des soucis de santé; bref, MON CŒUR PLEURE DU SANG et parfois j’ai envie de prendre le premier billet d’avion direction Cambridge pour aller m’assurer moi-même de la remettre sur pied, de la motiver à finir son bouquin et accessoirement de la couvrir d’éloges pendant approximativement 72 heures non-stop.

Les Dames de Grâce Adieu - Susanna Clarke
Le voici, le voilà.

CEPENDANT, chers amis, il existe un second tome de ses écrits que j’ai eu la chance de recevoir (et de lire d’une traite) à Noël dernier, j’ai nommé Les Dames de Grâce Adieu, et il fallait aussi que j’en dise deux-trois trucs.

On pourrait en parler comme d’une sorte de spin-off, dans le sens où l’univers y est sensiblement le même que dans Jonathan Strange & Mr Norrell. On est dans la même réalité, et on y croise d’ailleurs parfois des personnages du roman, dont Jonathan Strange lui-même.

Il s’agit ici un recueil de nouvelles, au ton peut-être plus léger mais tout aussi mystérieux que celui du roman. Les courtes histoires qui y sont présentes sont parfois inspirées de contes traditionnels, ou de figures folkloriques célèbres. Encore une fois, c’est revisité avec brio, et l’ambiance y est incomparable. Ce n’est pas de la féerie en plastoc, c’est du poétique, de l’éthéré, et c’est plein de tous les ingrédients qui ont fait de Jonathan Strange & Mr Norrell un livre formidable, à ceci près que là où ce dernier était une grande fresque épique, Les Dames de Grâce Adieu pourrait davantage être comparé à une expérience sereine, posée, feutrée. Des petites histoires qui sont un peu comme les bonus d’un DVD ou un épisode spécial d’une série télé, une façon agréable de prolonger l’expérience quand on n’a pas envie de quitter cet univers. Il présentera néanmoins bien moins d’intérêt pour celui qui n’a pas déjà lu le roman « de base », même si je suis convaincue que ça reste une lecture agréable. N’hésitez donc pas si vous avez lu Jonathan Strange!

Petit Bilan (parce que quand même, la vache)

Jonathan Strange & Mr Norrell - Susanna Clarke - Les Dames de Grâce Adieu

Voilà. Je l’ai fait.

J’ai commencé la rédaction de cet article ce matin vers dix heures. Il est maintenant 15h31. (Et maintenant, après le travail de relecture, 16h30. Boudiou.) Je crois n’avoir jamais passé autant de temps sur un article de blog. J’ai conscience que ledit article est long, même si j’ai tenté de le rendre aussi sympa à lire que possible. Mais le sujet, comme vous l’avez COMPRIS puisque je vous l’ai purement et simplement RABÂCHÉ environ 45 000 fois et des poussières, me tenait énormément, énormément à cœur.  Je crois que je suis fière de ce que j’ai réussi à vous pondre, et c’était la condition sine qua non pour publier un article là-dessus. C’est donc une mission accomplie pour moi, j’ai l’impression d’avoir bien dit tout ce que j’avais à dire, et je suis vraiment contente de vous proposer ce modeste pavé. Vous me pardonnerez bien volontiers d’en avoir écrit des tonnes, imaginez que là, j’ai fait au plus court. Vous me pardonnerez aussi mon ton certainement un peu moins déconneur que d’habitude, parce que vous êtes au courant que ce livre, pour moi, c’est SERIOUS BUSINESS et que j’ai vraiment, VRAIMENT envie que vous vous y essayiez. Je sais que l’action peine à démarrer, que le nombre de pages et de notes (qu’il ne faut sous aucun prétexte ne pas lire) peuvent paraître décourageants, mais je vous le garantis, si vous vous y accrochez un peu, ça vaut le coup. Ça vaut infiniment le coup.

J’aimerais juste conclure, pour les courageux qui m’ont suivie jusqu’ici, avec un énorme MERCI d’avoir pris un peu de votre temps pour lire cet article, et vous dire que j’espère qu’il vous a donné envie de lire ce livre dont je vous ai tant vanté les qualités.

J’appuie donc sur le bouton « Publier » avec l’agréable sensation du devoir accompli, en vous donnant rendez-vous bientôt pour un nouvel article et en vous laissant, en attendant, avec toujours l’obligatoire:

Bien Cordialement, BISOUS ❤

(Comme d’hab, les photos des bouquins sont de moi, les autres illustrations sont propriété de leurs auteurs respectifs, que j’ai crédités.)

 

Downton Abbey, la série qui me manque déjà

Bonjour les gens.

Hier, je sortais mon tout premier article, et toute contente des quelques retours vachement positifs que j’ai pu avoir, je m’apprêtais à continuer sur ma lancée. J’avais en tête de faire une semaine consacrée au remplissage de ce blog, pour lui donner un peu de contenu de base, quitte à adopter un rythme pas mal soutenu d’un article par jour. C’est donc la fleur au fusil que je m’installai, guillerette, devant mon fidèle PC. Seulement voilà, le loustic ne semblait guère disposé à me laisser m’esbaudir de la sorte, et s’est donc mis à me ramer à la tronche, mais alors juste sur WordPress, histoire de bien m’enquiquiner.
Il m’a donc fallu remédier à ce problème avant de choisir une idée d’article qui ne serait pas la revue du second tome de Miss Peregrine, car je n’ai conséquemment pas eu le loisir d’aller l’acquérir, et donc encore moins de le lire. #FirstWorldProblems

En plus, je me dis suis dit qu’il fallait bien que je montre toute l’étendue des dégâts de ce dont je voulais causer ici, et donc pas question de vous causer de mon livre favori, ça sera pour plus tard, histoire de varier. Les trucs sur la photo, aussi. Les jeux vidéo, pas inspirée. Et alors le blablatage tout court, j’avais rien sur quoi réagir spécialement, et j’allais certainement pas vous tanner avec un pavé sur mes déconvenues avec mon ordinateur. C’est pas passionnant. (Si vous trouvez ça passionnant, je vous juge pas, mais si, un peu en fait.)

Et puis comme c’est ma fête aujourd’hui, je me suis dit que j’allais bien me faire plaisir, et parler d’un truc que je kiffe. Du coup, BIM.

Downton Abbey

Downton Abbey, donc.

Il se trouve qu’en même temps que Miss Peregrine, j’ai acquis Belgravia, le livre écrit par le créateur de la série. Je ne m’y suis pas encore lancée parce que je veux déjà terminer la trilogie Peregrine, mais je ne vous cache pas que je frétille d’impatience. J’ai terminé la série télévisée en question y’a pas si longtemps et comment vous avouer que mon cœur saigne encore un petit peu que ce soit terminé pour de bon? Je me suis attachée à cet univers et aux personnages qui le peuplent comme un vieux chewing-gum à un dessous de table de lycée (je suis le chewing-gum). Du coup, je nourris un peu de très hautes espérances pour Belgravia, j’espère qu’il fera un peu revivre la magie du truc. Parce qu’il faut quand même que j’attende un peu avant de me refaire la série, hein, histoire d’oublier un peu.

En attendant, je vais tenter de vous expliquer de façon certainement fort décousue et fantaisiste pourquoi Downton Abbey, c’est cool.

Si vous n’êtes pas familiers du tout avec le bordel, on va résumer ça très très vite, parce que comme vous avez peut-être pu le voir, ça me fait chier de pondre un résumé à la Wikipédia je préfère vous laisser découvrir un maximum de choses par vous-mêmes.

Nous sommes dans le Yorkshire (la région, pas le chien, sinon ce serait sale. Et non, je ne m’excuserai pas pour cette vanne pourrie, ni pour les nombreuses autres qui suivront dans ce blog), et les événements de la série débutent en 1912, dans la demeure de la bien bien riche et bien bien noble famille Crawley. Nous suivons donc avec moult délices leur

Maison - Downton Abbey
Une journée tranquille pépouze à Downton.

quotidien, mais également celui des gens d’en bas. (En bas, comme dans downstairs, en Anglais -littéralement en bas des escaliers, à l’étage en-dessous, pour ceux qui envoyaient des mots à leurs voisins en cours d’Anglais LV1 au lieu de garder le nez dans leur manuel Apple Pie.)
Et qui c’est qu’il y a, à l’étage en-dessous? Eh ben les domestiques, ma bonne dame. Parce qu’une baraque comme ça, ça s’entretient pas par magie. On est pas chez Harry Potter. Enfin quoi qu’il en soit, voilà pour le décor, il est planté, on ne va pas y revenir. Je vais plutôt tenter de vous donner diverses raisons pour lesquelles j’aime cette série, en espérant que ça donnera envie de la regarder à ceux d’entre vous qui ne l’ont pas encore fait.

Pourquoi Downton Abbey, c’est cool?

Eh bien déjà, pour la raison que j’évoque juste au-dessus. On ne suit pas que les gens de la Haute, et on ne suit pas non plus que les serviteurs. Et même si au départ, les deux univers semblent tout à fait cloisonnés, menant des existences parallèles chacun sur leur propre plan astral, on découvre petit à petit que ces deux mondes, à priori en totale opposition, ne le sont en fait pas du tout. Les destins s’entrecroisent (paie ta phrase digne d’un titre d’épisode des Feux de l’Amour), les intrigues s’emmêlent et les préjugés de classe s’envolent. On se rend compte à quel point chacun de ces deux groupes est dépendant de l’autre.

Ensuite, parce que la série fait un job merveilleux pour ce qui est d’être ancrée dans son époque. L’intrigue se met en route au moment du naufrage du Titanic, et multiplie les références historiques, qu’il s’agisse de simples clins d’œil ou d’une intégration plus en détail qui rendra certains passages de l’Histoire (avec un grand H, tavu) cruciaux au scénario. Dans tous les cas, c’est toujours super bien lié à la narration, on n’a pas l’impression que ça arrive comme un cheveu sur la soupe. Ça présente un réel intérêt.

D’ailleurs, cette période (la série se termine en 1925) est une époque charnière, et là encore, la série l’intègre à merveille. En plus du parallèle entre la famille et ses serviteurs, il y a aussi celui entre ce qui se passe dans la maisonnée versus dans le reste du monde. Ce domaine qui semble tellement intouchable et figé dans le temps connaît son lot de bouleversements, et tout ça amène de véritables moments de grâce sur fond de réflexion sur le temps qui passe, les mœurs qui évoluent, le progrès qui semble inexorablement rattraper tous ceux qui restent en arrière…

Et puis cette série, elle envoie totalement bouler, comme je disais plus haut, tout mépris

Daisy - Downton Abbey
Elle, c’est Daisy. Et elle est BADASS.

de classe ou de genre. Vous voulez des personnages féminins forts, des VRAIS? Ben cherchez plus. Et ça, ça m’a énormément plu. Il y a eu d’excellentes surprises pour moi de ce point de vue-là, on voit des femmes qui ont de l’ambition, qui cherchent à s’accomplir, à péter leurs carcans, qui ne causent pas que de leur potentiel mari ou du reprisage des robes de leur patronne. Elles ont du caractère, elles sont compétentes, parlent entre elles, font des erreurs… on ne ressent à aucun moment qu’elles auraient éventuellement besoin d’un gugusse. Et les personnages masculins ne sont pas en reste, allez pas croire. C’est juste que le traitement des femmes dans la fiction est un sujet qui me touche pas mal.
Mais les personnages, plus généralement parlant, ont tous leur histoire, leur personnalité, leurs buts, leurs secrets, leurs défauts.

Ils sont tous attachants, bordel, TOUS. MÊME LE CHIEN. Ils ont du relief. Ils sont réalistes. C’est simple, au bout d’un moment, j’y étais tellement attachée que c’était comme si, à chaque épisode, je retrouvais en quelque sorte des membres de ma famille. Chacun, à sa manière, m’a touchée.

Un autre truc qui m’a fait plaisir, et là c’est un peu plus perso, c’est que ce n’est absolument pas violent. A aucun moment. Les évènements le sont parfois, mais ce n’est jamais gratuit, et jamais traité dans la surenchère. Voir ce genre de série pour moi, une hypersensible avec une tolérance somme toute très limitée à la violence, c’est une bénédiction. (Dit-elle alors qu’elle regarde aussi The Walking Dead et joue à des jeux où on tue des gens. L’ÊTRE HUMAIN EST CONTRADICTOIRE, OK?) Non mais, sans déconner. Ça fait du bien. Cette série, elle réchauffe le cœur comme un après-midi d’hiver au chaud chez mamie à regarder des cassettes vidéo des classiques Disney.

J’ai aussi envie de vous parler de la V.O. (c’est pas de l’élitisme à deux balles, quand une V.F. est bien, j’aime bien aussi)… LA V.O., foutredieu. Ces accents des quatre coins des îles Britanniques, c’est comme du miel pour mes oreilles. (Euh… Oui, j’ai conscience que cette métaphore rapproche bien trop les mots « miel » et « oreilles » pour NE PAS faire penser à du cérumen. Déso pas déso). Et vu que moi, j’ai comme qui dirait un petit faible pour lesdites îles Britanniques et leurs accents… Le spectateur averti pourra d’ailleurs s’amuser à comparer ceux-ci et tenter de deviner d’où ils viennent. Perso, j’ai pas pu, parce qu’il y a quelques temps encore je commençais à peine à discerner l’accent Irlandais de l’accent Londonien, donc me parlez même pas de l’accent du bled écossais la-première-à-droite-après-les-moutons, merci bien. Mais ça peut être un jeu marrant.

Lady Mary - Downton Abbey
Lady Mary est trop occupée à avoir la classe pour faire attention à toi.

Et puis, comme je l’avais aussi mentionné dans mon article d’avant, j’affectionne plutôt les 18ème/19ème/début 20ème siècles. Là, on est en plein dans le début 20ème. Ce qui veut, entre autres, dire costumes de ouf malade à foison. Et ça, c’est chouette. Un régal pour les yeux, entre lesdits costumes et les paysages qui m’ont fait plus d’une fois boucler mentalement mes valises et inventer le voyage dans le temps ET la fiction.

Et puis alors, je ne pouvais pas parler de cette série sans aborder l’humour. Parce que OUAIS, on dirait pas nécessairement, comme ça, mais l’air de rien, on se fend aussi la gueule. Oui oui.

Alors évidemment, on est dans les 1900s, parmi la Haute de la Haute, et chez les British. Donc vous imaginez bien qu’il va pas falloir vous attendre à des blagues à base de prouts. Mais franchement, certaines scènes font preuve d’un comique de situation parmi les plus exquis que j’aie pu savourer. Je pense même lui décerner la première place. C’est d’une finesse délectable, jamais vulgaire mais ça tape toujours dans le mille. Et quand on parle d’humour, on ne peut pas ne pas parler des PUNCHLINES MYTHIQUES de celle qui est

Lady Violet Crawley, Maggie Smith, Downton Abbey
Je sais pas si tu t’en rends compte, mais elle te juge très fort.

devenue une de mes guides spirituelles, incarnée à la perfection par Maggie Smith, j’ai nommé la Comtesse Douairière de Grantham, a.k.a VIOLET MOTHERFUCKING CRAWLEY. (Oui, je manie le juron avec profusion. Oui, vous me pardonnerez ces égards avec toute la mansuétude que je vous connais.)

Sans déconner les gens, ce personnage, où est-ce que je commence? Je ne sais pas. Je ne veux pas trop en révéler, sinon je vous aurais bien pondu un top 10 de ses meilleures répliques, mais je vais pas vous gâcher la découverte. Sachez cependant que ce personnage est un MONUMENT. En tant que l’aînée de la famille, elle est la plus fervente représentante des valeurs conservatrices d’une noblesse pourtant en pleine mutation. Et elle le fait savoir. Mais personne n’ose trop moufter non plus, parce qu’elle en impose. Et autant elle est capable des mesquineries les plus élaborées et ne manquera jamais de se servir de son arme la plus mortelle, a.k.a sa répartie que l’on pourrait tout autant élever au rang de SUPER-POUVOIR, autant elle peut aussi se révéler être un modèle de douceur et de sagesse, voire même de compréhension, lorsque la situation le nécessite. Surtout quand il s’agit de ses petites-filles. Mais vous verrez bien. Parce que soit vous le savez déjà, soit vous allez regarder cette série illico, sinon Lady Violet viendra vous clasher violemment chaque nuit dans votre sommeil, et moi, derrière, je gueulerai PO PO POOOOOO.

Bon, je pense que j’en ai déjà tartiné pas mal sur cette série, alors évidemment, c’est loin d’être un article critique comme celui d’hier, déjà parce que mon visionnage n’est plus aussi frais que ça (ça fait quelques semaines que j’ai fini la dernière saison, me semble-t-il), et que comme c’est ma fête je fais ce que je veux (bonjour, j’ai 5 ans), et là, ce que je veux, c’est vous parler d’un truc que je kiffe bien trop pour en voir les inexistants défauts.

En quelque sorte, c’était une déclaration d’amour que je rends publique en espérant donner envie à un maximum de monde de s’y plonger et de kiffer autant que j’ai kiffé.

Et pour bien finir abruptement cet article sans autre forme de procès, je terminerai par mon traditionnel mais désormais mythique (traduction: je l’ai déjà fait hier):

Bien Cordialement, BISOUS.